Francopholie Rwandaise?

‘La guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens’, disait Carl Von Clausewitz, officier prussien qui a combattu Napoléon au XIXème siècle.

Beaucoup ont dû être surprit, à juste titre, par l’annonce de la candidature de Mme Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères, à la tête de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).

Depuis presque trois décennies, le Rwanda et la France se livrent une guerre sans merci, qui est passée par des épisodes militaires, juridiques, médiatiques, politiques et même diplomatique; à ce jour la France n’ayant toujours pas d’ambassadeur à Kigali. La seule chose qu’ils n’aient encore faite, est un vrai rapprochement.

Le fait que cette candidature ait été proposée par la France en premier lieu,  montre une volontée d’apaisement. Or comme il est d’usage dans une bataille, on ne tire pas sur un adversaire agitant un drapeau blanc.

Au-delà des hommes politiques, cet article s’adresse aux jeunes Africains de locution française ; eux qui subissent les vrais conséquences la ‘France-Afrique’ et qui en sont les vrais opposants.

Eux qui s’étonnent aujourd’hui que le Rwanda, un pays qu’ils considérent comme un allié, voir un précurseur dans cette lutte, puisse devenir ‘le porte-étendard’ d’une institution symbolisant la domination française sur ses anciennes colonies – comme voudrait le présenter les medias français : En acceptant la nomination de son ministre des affaires étrangères à la tête de l’OIF, ‘le Rwanda serait entré dans la sphère d’influence de la France’, affirmaient la plupart d’entre eux dans la foulée de l’annonce de la candidature.

Ce qu’ils oublient de mentionner, c’est qu’en même temps, le Rwanda vient obtenir d’organiser en 2020 à Kigali, le prochain sommet de la Commonwealth – la version anglo-saxonne de l’OIF.

Pour comprendre ce paradoxe, referons-nous à l’histoire et à la littérature africaine:

Au sortir de la guerre d’Algérie en 1962, un débat se tient quant à la place de la langue française dans le pays fraichement libéré. C’est alors que les auteurs algériens Kateb Yacine ou Mustapha Lacheraf expliquent par leurs écrits que ‘la langue française est un butin de guerre, arrachée de force à la puissance coloniale’. (En revanche l’Algérie refusera d’adhérer à l’OIF jusqu’en 2002 lorsqu’elle accepte le statut d’Invité spécial aux Sommets.)

Leur homologue nigérian Chinua Achebe dira la même chose sur toutes les langues coloniales ; qu’elles ne sont qu’un butin de guerre, arrachée par les luttes d’indépendance. Qu’elles n’appartiennent plus uniquement à la France, au Portugal ou à l’Angleterre, mais constituent dorénavant un patrimoine commun.

La fameuse ‘sphère d’influence francaise’ ne découle que de l’imaginaire médiatique francaise dès lors qu’on a la chance de parler les deux langues et de faire partie des deux familles linguistiques; dont nous ne devrions faire usage que pour parvenir à nos fins.

Pour cela, deux préalables s’imposent: 1. Définir nos fins ; 2. Saisir l’opportunité.  Nous avons défini nos fins ; en tant que pays, mais aussi en tant que continent. L’heure serait peut être venue de continuer la lutte d’une manière plus apaisée, d’user de la plateforme qu’offre cette institution qu’est l’OIF, qui par ailleurs, a été utilisée occasionnellement contre nos intérêts communs.